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jeudi 24 janvier 2013

Philosophie virtuelle



Il s'agit d'une vidéo montée à partir d'images prises par une caméra filmant une télévision. Sur cette télévision, c'est le paysage du jeu vidéo GTA (Grand Theft Auto) 4 qui défile. C'est une succession de plans, plus ou moins rapides, des éléments du jeu qui constituent une ville basée sur l'architecture de New York. On peut y voir des immeubles, des routes, des voitures, des arbres, la pluie... Ce qui pourrait ressembler à un paysage réel. Le personnages, que l'on voit toujours au centre de l'écran dans le jeu, est supprimé, de façon à obtenir une vue à la première personne. Le montage a été fait à partir d'une seule vidéo d'une durée d'une heure et vingt-trois minutes. La caméra était fixe, filmant l'écran pendant la période de jeu. Aucun traitement ou effet autre que le montage et le zoom n'a été effectué, la tram est naturelle. La méthode de jeu n'était pas spéciale, elle correspond à la façon de jouer d'un habitué qui fait ce pour quoi le jeu est fait : conduire vite et abattre n'importe qui.
Or la vidéo ne montre rien de tout ça. Au contraire, elle le cache. Ou même, elle le transforme. Avec pour base quelque chose qui représente le culte de la violence dans le jeu vidéo, cette pièce est une cyber-balade dans un "monde" qui n'est pas fait pour ça.
Nous sommes sur une île civilisée, même un peu trop. Le temps peut changer, mais la pluie tombe souvent, accompagnée de la nuit. Les gratte-ciel passent, nous montrant leurs fenêtres illuminées derrière les lampadaires. Mais cette île est un aquarium. Nous y sommes enfermés. Elle a des limites infranchissables et on y tourne vite en rond.
L'ambiance aquatique, bien que forte grâce à la pluie, à la couleur bleue dominante et au fait que l'histoire du jeu se déroule sur une île, est amplifié par le morceau de musique de Nicolas Jaar nommé "Être". D'ailleurs, le montage a été fait à partir du rythme de ce morceau. Ainsi, on y est plus facilement transporté.
On est face à de la 3D contemplative et non plus à un jeu sanglant. Nous ne sommes pas dans l'attente impatiente de la prochaine explosion ou du prochain coup de feu, nous sommes à la place du poisson qui tourne en rond dans son bocal en l'observant paisiblement.